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Jean-Jacques Lozach
Sénateur de la Creuse depuis 2008, rapporteur du Budget des Sports au Sénat

Jean-Jacques Lozach est sénateur de la Creuse depuis 2008, rapporteur, pour avis, du Budget des Sports au Sénat, co-Président du Club parlementaire Sport, Vice-Président du groupe d’études sénatorial sur les pratiques sportives et les grands événements sportifs internationaux, Rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire sur l’efficacité de la lutte anti-dopage, Président de la Mission d’information sur le fonctionnement et l’organisation des fédérations sportives.

Par Régis Juanico
Député Génération.s de la Loire, Vice-président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation
Jean-Jacques Lozach
Sénateur de la Creuse depuis 2008, rapporteur du Budget des Sports au Sénat

« Les annonces d’Emmanuel Macron ne sont pas à la hauteur de la place du sport dans la lutte contre le covid-19

Le Président a mis sur la table cette semaine 400 millions d’euros, dont plus de la moitié avait déjà fait l’objet d’annonces. Ce montant nous paraît sous-dimensionné.

20/11/2020 16:23 CET | Actualisé 20/11/2020 16:23 CETMarko Geber via Getty Images

« Il n’y a toujours pas de stratégie nationale “sport-santé-bien-être” d’envergure alors que l’un des enjeux du nouveau déconfinement sera de permettre le développement des activités physiques adaptées ». (Photo d’illustration Marko Geber via Getty Images)

Huit mois après le début de la crise sanitaire, le président de la République Emmanuel Macron a reçu cette semaine les acteurs du mouvement sportif, représentants du sport amateur, du sport professionnel et de la filière économique.

Il était temps! Comme l’a bien résumé à l’issue de la rencontre la présidente de la Fédération Française de Sports de glace, Nathalie Péchalat: “nous avions besoin de nous sentir considérés…”.

Ce retard à l’allumage est révélateur de la place accordée au sport durant cette pandémie, bien loin d’être une priorité des politiques publiques, alors que l’activité physique et sportive est une alliée précieuse dans la lutte contre la Covid-19.

L’impact de la crise sanitaire qui se traduit par une coupure sans précédent des activités sportives a clairement été sous-estimé au sommet de l’Etat.

Tout l’écosystème sportif est durablement affecté : les clubs amateurs avec, c’est un bilan provisoire, la perte de 20% de licenciés, l’incertitude sur la reprise des entraînements, des compétitions en fonction de l’évolution du virus et le possible désengagement des bénévoles mais aussi l’équilibre de clubs professionnels menacés de cessation de paiement avec le huis clos.

Dans le secteur marchand, des salles de sport ou de fitness ont déjà mis la clé sous la porte… Et dans le sport féminin comme dans le handisport, c’est une vraie hécatombe qui se profile si des moyens financiers à la hauteur de la crise traversée ne sont pas mis sur la table.

Le président de la République a mis sur la table cette semaine 400 millions d’euros, dont plus de la moitié concernant le soutien au secteur professionnel et marchand avait déjà fait l’objet d’annonces.

Ce montant nous paraît faible et sous-dimensionné, en particulier pour le sport amateur.

Il n’y a toujours pas à ce jour de plan de sauvetage à la hauteur de la situation mais seulement la reconduction d’un fonds de solidarité de 15M€ en 2021.

Nous avions proposé à quatre reprises dans les discussions budgétaires depuis le mois de mai un fonds d’urgence pérenne de plus 100 millions d’euros supplémentaires en soutien aux clubs amateurs en difficulté par l’augmentation des plafonds des trois taxes affectées.

Il est annoncé 20 millions d’euros de compensation aux fédérations sportives pour la perte des licences alors que le CNOSF vient de réaliser une enquête nationale avec la réponse d’un tiers des clubs affiliés qui établit à ce stade 376 millions de pertes dont 260 millions pour les cotisations et 116 millions de perte de subventions, partenariats, billetterie.

Il n’y a toujours pas de soutien exceptionnel au mécénat sportif pour les sponsors des clubs amateurs… artisans et commerçants, bars et restaurants, durement touchés par la crise sanitaire et qui hésitent à se réengager financièrement alors qu’ils représentent 50% de l’enveloppe des partenariats locaux.

Le compte n’y est pas!

En revanche, la création d’un “Pass-Sport” pour les jeunes afin d’aider les familles à financer la prise de licences en club ou l’achat d’équipements sportifs est une excellente idée : nous l’avions proposé tous les deux en juin 2019.

Mais la question du calendrier est cruciale : ce soutien à la dépense sportive des familles doit intervenir dès le 1er trimestre 2021 afin d’accompagner la reprise des activités en club et pas à la rentrée de septembre, ce qui serait trop tard.

Le montant du Pass-Sport et le nombre de jeunes touchés restent à définir : nous avions proposé un dispositif centré sur les 14-20 ans, aux différents âges de décrochage sportif -y compris les étudiants très touchés aujourd’hui par la Covid-19- pour 800.000 jeunes et d’un montant de 500€/an, soit 400 millions d’euros au total.

Le gouvernement évoque 100 millions d’euros, 2 millions de familles concernées et un dispositif ciblé sur les moins de 16 ans pour un montant moyen de 50€…

La crise sanitaire est synonyme d’explosion de la sédentarité chez les plus jeunes : 2 élèves sur 5 sont en en augmentation de masse graisseuse, avec une perte moyenne des capacités aérobiques de 16% et de coordination et de la capacité physique de 13% !

C’est pourquoi la reprise du sport en club pour les mineurs en décembre est une bonne chose. Mais les écoles, collèges, lycées étant ouverts pendant le confinement, pourquoi ne pas avoir mis en place plus tôt un grand plan “sport à l’école” de lutte contre la sédentarité à travers, par exemple, un dispositif “30 minutes d’activités physiques pour tous les élèves chaque jour” ?

Il n’y a toujours pas de stratégie nationale “sport-santé-bien-être” d’envergure alors que l’un des enjeux du nouveau déconfinement sera de permettre le développement des activités physiques adaptées pour les publics les plus fragiles, malades chroniques, en affection de longue durée ou ayant eu des séquelles suite à la Covid-19…

Bref, nous avons assisté cette semaine à une session de rattrapage, une séance de “câlinothérapie” bienvenues pour le sport grand oublié de la période, mais n’est-ce pas un brin trop tard et frileux ?

 

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