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Voici mon discours prononcé en ce 6 septembre, lors de la cérémonie d’hommage à Martin Nadaud, qui rassemblait de nombreuses personnalités, dont Madame Sandrine MAZETIER, Première Vice-présidente de l’Assemblée Nationale.

Merci à tous les organisateurs et participants à cette journée d’hommage rendu à  Martin Nadaud, à tous ceux et toutes celles qui ont contribué à la réalisation de ce site et contribuent à son animation aujourd’hui.

Chers Amis,

A quelques mètres du Palais du Luxembourg, siège du Sénat, se trouve la Mairie du 5ème arrondissement. Je peux vous assurer que depuis que je sais que Martin Nadaud, lui-même, a participé à la construction de cet édifice (mairie du 12ème arrondissement à l’époque), je la vois très différemment. Car,  par son destin hors norme, son parcours quasi romanesque, sa capacité à surmonter les difficultés et à convaincre par son rayonnement intellectuel et idéologique incontestable, il a largement contribué à faire de la Creuse ce qu’elle est encore aujourd’hui.

Pour moi Martin Nadaud est un triple symbole :

  • Le symbole des Limousinants (l’exil des maçons de la Creuse qui a débuté avant le 19è siècle exemple Versailles au 17 è siècle), de la migration (arrachement, séparation, départ et attachement : retour sur la ferme…) Martin Nadaud né et décédé presque dans la même maison, à quelques mètres de distance.
  • La figure emblématique de la défense de l’idéal républicain et de la défense de la justice sociale, pour les ouvriers, les plus fragiles, les exclus.
    C’est la République dans ses fondements, ses principes mêmes, avec : le suffrage universel, la promotion par l’éducation, la formation tout au long de la vie, la protection sociale, l’émancipation des travailleurs, le combat en faveur des associations ouvrières et des coopératives de production, la défense des Droits de l’Homme en général, la programmation de grands travaux pour relancer l’économie, la réduction du temps de travail… C’est tout cela Martin Nadaud.
  • Le symbole de la littérature ouvrière du 19ème siècle : témoignages rarissimes, sa notoriété due notamment aux « Mémoires de Léonard » / Parcours d’Antoine DESFARGES : moins connu : héritier politique de Martin Nadaud : député en 1893, il vengea l’échec de Martin Nadaud de 1889.
    Notre devoir : oui, ne pas défaire ce qu’il nous a apporté ; faire vivre, le plus souvent possible, l’héritage qu’il nous a légué (ex. son action pour le désenclavement ferroviaire de la Creuse).
  • Sa modernité : son côté précurseur, avant-gardiste :

Il porte la PPL (proposition de loi) de 1880 sur l’enseignement technique (1er texte) professionnel et l’apprentissage (problématique qui reste d’actualité)

Il pose les jalons (15 ans plus tôt) de la loi de 1898 sur la prévention et l’indemnisation des accidents du travail (le texte arrive en débat l’année de son décès mais il en avait été le précurseur).

Il avait posé la question du cumul des mandats (il en avait fait une question de principe, ce qu’il a peut être regretté plus tard : ex en 1877 , il refuse d’être candidat au Conseil Général à Bourganeuf ou à Pontarion, comme ses amis le lui conseillent ; d’où une implantation locale qui lui fera défaut en 1889).

En fil rouge de tout son parcours : « l’ascenseur social ». Faire la démonstration que dans un régime républicain, par l’instruction, le travail, et un comportement rigoureux, discipliné, les enfants du peuple  peuvent accéder aux plus hautes fonctions. On parle parfois de « méritocratie républicaine ».

La péréquation : il écrit dès Juin 1875 « l’intérêt général exige que les départements riches viennent en aide à ceux qui le sont moins »

  • Sa soif d’ENGAGEMENT, sa DETERMINATION

On ne s’imagine pas aujourd’hui, à quel point le métier de maçon est méprisé au 19è siècle ; or lui, il passe directement des échafaudages à l’Assemblée Nationale, du chantier au Palais Bourbon (il fera des allers et retours, des va et vient entre les deux, en fonction des aléas de la vie politique).

On en parle peu : Martin Nadaud a été questeur à l’Assemblée Nationale.

Un questeur n’est pas n’importe qui. Reconnu par ses pairs, expérience, rigueur. Il assure la gestion administrative, financière et le fonctionnement des services : lourde responsabilité, très prenante (ce qui l’oblige à rester à Paris).

Un petit clin d’œil teinté d’ironie :

On dit qu’aujourd’hui la France est toujours en campagne électorale. Quand on regarde cette période IIème et IIIème République, Martin Nadaud a été député sous deux républiques différentes, on était aussi très souvent en période électorale (scrutins locaux et nationaux), et, avec parfois des campagnes très violentes (ex. il subit une campagne totalement calomnieuse en 1889).

Deux citations :

  • George SAND : « Doux, grave et ferme, exempt de toute mauvaise passion, sa dignité intérieure rayonne doucement dans ses manières, qui sont celles d’un vrai gentleman ».
  • Ivan LEVAÏ dans ses Mémoires : « La République des Mots » : « Mon Paris » c’est à tout jamais le Paris de Martin Nadaud. Personnage admirable et trop oublié. Je ne sais quel âne, quel imbécile a supprimé la station de métro qui portait son nom et rayé d’un trait de plume le souvenir de cet homme exceptionnel. Martin Nadaud, pour lequel je nourris une grande admiration, a été le seul ouvrier réformateur socialisant entré en politique au XIX è siècle ».

De mon mandat de Président du Conseil Général de la Creuse, je garderai notamment une fierté : c’est d’avoir fait réaliser et apposer l’effigie de Martin Nadaud qui orne la façade du collège qui porte son nom, à Guéret (à l’occasion du 30ème anniversaire de l’Etablissement en 2004).

Je garde un souvenir ému de cette journée-là.

La véritable date du bicentenaire de la naissance de Martin Nadaud est le 17 Novembre prochain. Chers Amis, je vous propose d’exprimer collectivement un souhait, voire un engagement : celui d’avoir toutes et tous, ce jour là, une pensée pour Martin Nadaud, le « député en blouse ».

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