1er mars 2025. Manifestation en faveur de la ligne ferroviaire Felletin – Aubusson – Guéret.

Ligne TER Guéret-Felletin menacée de fermeture : 200 manifestants bloquent symboliquement le train en Creuse

Après une première manifestation à Aubusson, 200 personnes sont rassemblées en gare de Guéret, ce samedi 1er mars. Ils s’opposent à la fermeture de la ligne TER Guéret-Felletin. Symboliquement, un cortège de manifestants a bloqué le train de 12h03.

De  Marie-Jeanne Delepaul, Thibault Pointeau
Samedi 1 mars 2025 à 12:32

200 personnes ont symboliquement bloqué le train de 12h03 en gare de Guéret ce samedi 1er mars. © Radio France – Thibault Pointeau

Le wagon de la mobilisation fait escale à Guéret ce samedi 1er mars. 200 personnes sont venues soutenir la ligne TER Guéret-Felletin car elle risque de fermer au mois d’août 2025. L’État, la Région et la SNCF ne veulent pas financer les travaux qu’ils jugent trop coûteux. Ces derniers sont estimés à 80 millions d’euros.

Symboliquement, le cortège a bloqué le train de 12h03. Les manifestants sont descendus sur les voies pendant une dizaine de minutes, avant de laisser le TER reprendre sa route. Des élus et habitants avaient justement fait le voyage dans ce train, depuis le sud de la Creuse. Didier par exemple est monté à Busseau-sur-Creuse : « C’était plein, toutes les places assises étaient occupées, et le reste était debout, on se serait crus dans le métro ! » Il soupire : « Cette ligne a été créée par décret impérial en 1861 par utilité publique, et aujourd’hui au 21e siècle on veut la fermer, c’est inadmissible. »

« Il y a de l’argent seulement pour les grandes métropoles »

Sur le quai, de nombreux syndicats et partis politiques étaient représentés comme la CGT, le PS, LFI ou encore les Ecologistes. La colère est attisée par l’annonce des bénéfices record de la SNCF. Ce jeudi 27 février, la SNCF a déclaré avoir enregistré un bénéfice net de 1,6 milliard d’euros. Jean-Louis Pagès, conseiller régional écologiste venu exprès de Haute-Vienne, s’étonne de la situation : « Il y a de l’argent mais seulement pour les grandes métropoles. La région privilégie l’axe Bordeaux-Toulouse au détriment du Limousin. »

Beaucoup d’élus creusois se mobilisent. Aux côtés de la présidente du département et des maires de Guéret, Aubusson, Felletin, Saint-Sulpice-le-Guérétois et Ajain notamment, l’édile de Saint-Médard-la-Rochette explique : « Mon fils de seize ans rêve depuis tout petit de devenir conducteur de train et il espère en conduire un en Creuse. » Hervé Trimoulinard regrette que la gare de sa commune, à Fourneaux, ne soit plus desservie par la ligne Guéret-Felletin : « On ne veut pas que ce qui nous est arrivé arrive aux autres ! »

Après une première manifestation à Aubusson une semaine auparavant, 200 personnes se sont mobilisées à Guéret. © Radio France – Marie-Jeanne Delepaul

Des lignes fermées les unes après les autres

Une semaine auparavant, une première manifestation avait déjà mobilisé 150 personnes à Aubusson. Lancée par un habitant fervent défenseur du train, la pétition « touche pas à ma p’tite ligne » s’approche de son objectif de 25.000 signatures.

Le combat dépasse largement la ligne Guéret Felletin, soulignent les nombreux élus présents. Au micro, Jean-Jacques Lozach, sénateur socialiste de la Creuse, déplore : « Cette fermeture arrive après d’autres fermetures sur notre territoire. La plus significative concernait la ligne Ussel-Montluçon qui desservait tout l’est de la Creuse. Une saignée ferroviaire est à l’œuvre. Nous ne voulons pas être les oubliés du plan Borne : en tant que ministre des Transports, Elisabeth Borne avait en 2023 annoncé un investissement de 100 milliards d’euros à l’échéance 2040. »

De nombreux élus se mobilisent pour défendra la ligne de train Guéret-Felletin en Creuse. © Radio France – Marie-Jeanne Delepaul

Jean-Louis Pagès, conseiller régional écologiste, poursuit : « La ligne qui va de Brive à Limoges n’existe quasiment plus. C’est dramatique, on prend le bus pour aller de Limoges à Poitiers. Limoges-Angoulême est fermée car elle s’arrête à Saillat, après c’est le bus. L’enjeu est colossal. » Beaucoup de manifestants pensent aussi à la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique en privilégiant les transports en commun. Il y a également un potentiel touristique, explique une membre de l’association de défense du vélo Guéret en Selle : « On pousse pour créer des systèmes de tourisme entre vélo et train, de plus en plus utilisés dans toute la France, notamment l’été. Ce n’est pas mis en place dans nos régions, le discours sur les petites lignes n’est pas bon. »

Dans un communiqué publié ce samedi 1er mars, le député de la Creuse Bartolomé Lenoir indique avoir posé une question écrite au gouvernement : « Si le devenir des petites lignes est menacé, l’avenir de nos territoires est en danger. Le désintérêt de l’Etat est manifeste. » L’élu poursuit : « Qu’entendez-vous faire, Monsieur le ministre, pour encourager le transport ferroviaire qui est le mode de déplacement le plus décarboné, et engager l’opérateur historique SNCF Réseau à pérenniser cette ligne structurante essentielle au bassin de vie creusois ?« 

Le train de 12h03 a été symboliquement bloqué une dizaine de minutes à Guéret par les manifestants samedi 1er mars. © Radio France – Marie-jeanne Delepaul

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