Nous avons aujourd’hui le plaisir de nous réunir pour un double évènement : la présentation de l’installation dédiée au vitrail de Francis Chigot, puis le vernissage de l’exposition de l’espace « Tapisseries du Monde » dont l’accrochage a été entièrement renouvelé depuis l’année dernière.
C’est bien avec émotion, cher Hubert Védrine, que nous retrouvons le vitrail de Francis Chigot qui avait une place de choix dans l’ancien Musée Jean Lurçat, dans sa galerie et trouve aujourd’hui, après les 4 années de travaux de cette Cité, une nouvelle place d’honneur au sein du parcours muséographique permanent de la Cité internationale de la tapisserie. Cette installation ne put être réalisée l’an dernier en raison du poids du vitrail : réalisé avec des verres industriels, il est beaucoup plus lourd qu’un vitrail ordinaire et au moment de l’installer, il fallu renoncer pour réaliser une structure adaptée capable de le porter en toute sécurité.
Francis Chigot est né dans le dernier quart du XIXème siècle et a traversé une époque riche en évènements mais troublée par de grands conflits. Ancien élève de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Limoges, il parfait son savoir-faire dans le nord de la France, en restaurant les vitraux des églises détruits par le premier conflit mondial.
Je souris en raison des deux points qui nous relient à la tapisserie d’Aubusson : d’une part parce que Chigot s’est donc formé dans l’école sœur de l’ENAD d’Aubusson dont la Cité constitue le relais, et que d’autre part, si Chigot a restauré les dégâts de la Première Guerre Mondiale, la Cité va commémorer ce conflit lors de la présentation de la tapisserie « Piétà for the First World War » en novembre prochain, à l’Historial franco-allemand du Hartmannswillerkopf.
Le souvenir du maître verrier est marqué par les très nombreuses références prestigieuses de ses réalisations et notamment les vitraux de : l’opéra de Vichy, l’église Saint-Pierre de Montluçon, la basilique Notre-Dame de Montréal, la nouvelle église d’Oradour-sur-Glane, le hall de la gare des Bénédictins à Limoges et bien entendu une dizaine de ses verrières sont exposées en permanence au Musée des Beaux-Arts de Limoges.
Le vitrail prend place à côté de l’amphithéâtre Michel Tourlière, dont l’action pour la tapisserie d’Aubusson a été remarquable ; ce sont ainsi deux grands noms ayant fait raisonner les magnifiques savoir-faire de notre région qui sont réunis, nous pouvons nous en réjouir.
Avant de laisser la parole à Bruno Ythier, Conservateur de la Cité, je voudrais souligner combien la nouvelle exposition de l’espace « Tapisseries du Monde » que nous allons découvrir dans quelques instants a reçu des commentaires positifs de la part des visiteurs qui la parcourent depuis un mois. Elle témoigne également de notre volonté originelle d’élargir le champ d’intérêt de la tapisserie d’Aubusson aux arts tissés, parfois millénaires. La richesse des pièces exposées nous incite à l’humilité face à des artisans qui ont su sublimé les matériaux à leur portée ; elles nous démontrent aussi, au travers du caractère universel du tissage (une chaîne, une trame), que les hommes sont bien plus proches qu’ils ne se l’imaginent parfois et peuvent tisser des liens très forts entre eux.
Je remercie évidemment les prêteurs de ces œuvres :
- le Musée du Quai Branly Jacques Chirac, principal prêteur de ce nouvel accrochage. Merci à Stéphane Martin, son président, Yves Le Fur, Directeur des collections, Catherine Duruel, les conservatrices Hanah Chidiac, Constance de Montbrison, Daria Cévoli, Laurence Dubaut, Sarah Ligner). Cette institution éminente nous a prêté des pièces hors norme, appartenant à ses plus importants chefs d’œuvres, en particulier un tapis de cheval du Caucase qui était présenté à l’inauguration du Musée du quai Branly- Jacques Chirac, il y a dix ans.
- la Galerie parisienne Achdjian, dont le directeur Berdj Achdjian est toujours prêt à nous déposer de sublimes œuvres de sa riche collection personnelle et qui nous soutient très fortement dans nos projets. Un problème de santé l’a empêché d’être présent parmi nous aujourd’hui.
- le Mobilier National (Hervé Barbaret, Catherine Ruggeri, Christiane Naffah-Bayle, Thomas Bohl, Marie Amélie Tharaud),
- le musée de Cluny, sa directrice Elisabeth Taburet Delahaye et sa conservatrice en charge des tapisseries médiévales Béatrice de Chancel-Bardelot.
- la ville de Clermont Ferrand, son maire Olivier Bianchi et la conservatrice du musée Bargoin Christine Bouilloc.
Deux fois par an, l’accrochage de la section « tapisseries du monde » est changé pour des raisons de conservations de ces textiles fragiles. De mars à juillet, le nombre de pièces est plus restreint. Et pour l’été, ce nombre est doublé afin de densifier le contenu lors de la pleine saison touristique. Actuellement nous travaillons déjà à l’organisation de l’accrochage de l’été 2018, c’est dire si cette section introductive nécessite un investissement continu.
Nous allons donc découvrir ce nouvel accrochage.
Et pour conclure je tiens à renouveler ma gratitude à la famille Chigot et ses nombreux descendants ici présents, dont Hubert Védrine qui nous fait l’honneur de sa venue. Nous sommes toujours très attachés à la mémoire des donateurs dont la générosité compte de manière fondamentale pour l’enrichissement des collections. Collections qui sont le socle de la vitalité et la notoriété de notre jeune institution largement fréquentée, bien au-delà de nos attentes et distinguée par plusieurs guides touristiques et culturels de référence dont le célèbre guide vert Michelin qui nous a accordé il y a quelques mois deux étoiles.
A tous donc, merci de votre générosité et de votre présence.